Faute de pouvoir publier le texte de Molière, ils feront réimprimer celui de Dorimond sous un titre nouveau : Le Festin de Pierre ou l'Athée foudroyé, tragi-comédie, et le mettront en vente sans autre nom d'auteur qu'un «D.M.» dissimulé dans l'extrait du privilège, et qui peut se lire «De Molière». La pièce de Villiers est créée durant l'été 1659, dans un Paris que la Cour a déserté depuis deux mois, partie à Saint-Jean-de-Luz célébrer les noces de Louis XIV et de sa cousine Marie-Thérèse. Celui de Molière traite par le mépris les « remontrances » paternelles, il va jusqu'à souhaiter la mort du vieil homme, mais loin de le tuer, il lui fait « jeter des larmes de joie », au cinquième acte, en lui annonçant sa prétendue conversion. La résurgence, en 1666, de la querelle de la moralité du théâtre, qui occasionne la publication d'ouvrages très hostiles au spectacle dramatique, attire de nouveau l'attention sur ce que les dévots considèrent comme des provocations. Par conséquent, le moi est aussi l’individu que nous croyons être. Ne voyez-vous pas bien, dès qu’on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d’en donner à droite et à gauche, partout où l’on se trouve ? Au mois de novembre 1669, tandis que les Italiens reprennent leur propre Festin de Pierre sur la scène du Palais-Royal[ak] (où ils jouent toujours en alternance avec la Troupe du Roi), les comédiens du Marais créent Le Nouveau Festin de Pierre ou l'Athée foudroyé, quatrième version française de la légende[al], composée en cinq actes et en vers par Claude La Rose, dit Rosimond, qui, venant de Grenoble, est entré depuis peu dans la troupe. L'exhumation, au début du XIXe siècle[ax], du texte originel complet de Molière suscite peu de commentaires, même chez les lecteurs avertis. Un faisceau d’indices concordants suggère que Molière lui a substitué l’Athée foudroyé, reprenant le titre d’un scénario italien, L’Ateista fulminato[16], qui traitait de la même légende : 1) au cours de l’année 1665, quatre libraires peu scrupuleux, désireux d’exploiter le succès remporté par le spectacle du Palais-Royal et la curiosité suscitée par la polémique qui l’a suivi, rééditent le texte de Dorimond sous un titre nouveau : Le Festin de Pierre ou l’Athée foudroyé, tragi-comédie[17], et sans indiquer de nom d’auteur[o] ; 2) c'est également ce sous-titre que reprendra le comédien Rosimond, lorsqu'en 1670 il fera imprimer son Nouveau Festin de Pierre ou l'Athée foudroyé, tragi-comédie[18], créé l'année précédente au Théâtre du Marais ; 3) c'est encore sous ce titre et ce sous-titre qu'une troupe de province donnera, dans la seconde moitié des années 1660, sa version, sans doute " aménagée " du texte de Molière (voir ci-dessous) ; 4) on peut noter enfin que dans ses Observations sur une comédie de Molière intitulée le Festin de Pierre, le sieur de Rochemont évoque « un athée foudroyé en apparence [qui] foudroie en effet et renverse tous les fondements de la religion », et que l'un de ses contradicteurs observera que « les raisons qu'on peut apporter pour montrer que la pièce n'est point honnête sont aussi bien imaginaires et chimériques que l'impiété de son athée foudroyé ». Le grand seigneur espagnol à l'insouciance criminelle, séducteur par surprise, par violence ou par serment non tenu, se présente sous les plus beaux atours d'un courtisan français, aussi joliment paré […] que les petits marquis qui hantent les salons des dames parisiennes et dont Acaste devait bientôt dessiner l'image en faisant son autoportrait dans Le Misanthrope[13]. Comme l'indique le sous-titre que la pièce portait à sa création — l'Athée foudroyé —, l'athéisme de dom Juan est une donnée de l'œuvre non moins essentielle que le foudroiement final[106]. Or, selon les mêmes historiens, si Le Festin de Pierre n'a pas été rejoué à la fin du printemps comme devait l'être Amphitryon trois ans plus tard, c'est peut-être que les comédiens italiens partis l'année précédente en Italie étaient de retour à Paris, alternant de nouveau avec la troupe de Molière sur la scène du Palais-Royal ; sur cette scène encore mal équipée pour les machines, cette alternance quotidienne rendait impossible la reprise d'une pièce qui nécessitait un système complexe de décorations (près de cinquante châssis à manœuvrer). Pour monter sur la plate-forme d'Elseneur et pour voir le fantôme, il faut l'intuition… Mettez la statue du Commandeur en présence du spectre de Hamlet. La harangue burlesque de Sganarelle, sans rapport apparent avec les différents thèmes abordés dans la pièce, a donné lieu à de nombreux commentaires. Comment expliquer le choix de ce sujet, certes populaire, mais peu dans la manière de son auteur ? Un carnaval qui, cette année-là, est particulièrement rempli et effervescent, « un des plus animés de la décennie »[20][21]. Donneau de Visé lui répond que « Sganarelle a le fond de la conscience bon, et s'il ne s'explique pas tout à fait bien, les gens de sa sorte peuvent rarement faire davantage[120] ». La statue du Commandeur produit un effet d'épouvante qu'on n'a pas surpassé au théâtre… Aucune tragédie n'arrive à cette intensité d'effroi… Don Juan, tel que l'a compris Molière, est encore plus athée que libertin… et, pour comble d'horreur, [il] jette un instant sur son riche habit de satin le manteau noir de Tartuffe ; tout le reste eût pu lui être pardonné, excepté cette parade sacrilège. Antoine Adam souligne sa lâcheté de corps et d'esprit et dresse de lui un portrait sans pitié[122]: « Prodigieuse création, tout en dessous et en retour, où le clin d’œil corrige la valeur des paroles, où le ricanement vient démentir et bafouer les phrases édifiantes, figure de coquin et d'imbécile tout ensemble, qui déshonore la vertu par ses moqueries et la religion plus encore par sa stupidité. André Georges, « Le Héros de Molière : Don Juan Tenorio ou le séducteur traqué par Dieu », Laurent Fourcaut, « Don Juan et la déconstruction des idéologies : une lecture du. C'est d'abord un créancier, M. Dimanche, qu'il éconduit avec force compliments, sans lui laisser le temps de formuler sa demande. Lui et son frère dom Alonse sont à la recherche de dom Juan pour laver leur honneur. À la fin du mois d'avril ou dans les premières semaines de mai, alors que les représentations de la pièce ont cessé depuis le 20 mars, une brochure de 48 pages sobrement intitulée Observations sur une Comédie de Moliere intitulée Le Festin de Pierre est mise en vente par le libraire Nicolas Pépingué. Avait-il même des raisons de publier la brillante rhapsodie qu'il avait composée ?… ». Un palais[bb]. », Dans sa Lettre sur les Observations d'une comédie du Sr de Molière intitulée Le Festin de Pierre, Jean Donneau de Visé, après avoir ironisé sur l'adresse du mystérieux « sieur de Rochemont » à dénombrer les vices de dom Juan, conclura : « Je ne crois pas avoir beaucoup de choses à répondre, quand j'aurai dit, après le plus grand monarque du monde, qu’il [dom Juan] n'est pas récompensé. Retrouvez gratuitement et en exclusivité tous les replay, videos, exclus et news de Après moi le bonheur sur TF1. La place unique qu’elle occupe, par sa singularité formelle, dans la production de son auteur, la singularité de son histoire, la réputation de modernité et de complexité qui lui est faite par ses exégètes depuis une soixantaine d’années (et dont témoigne une très abondante bibliographie critique), l’importance sans cesse croissante que lui accordent les programmes et manuels scolaires, enfin la grande diversité des mises en scène auxquelles elle a donné lieu depuis sa redécouverte, font de cette comédie de l’incrédulité châtiée un des avatars les plus fascinants du mythe de don Juan. Dom Juan et Sganarelle survenant, Pierrot sort pour aller « boire chopine ». Il y voit une « tragi-comédie à fin tragique » : en effet, Molière traite d'un sujet sérieux en y mêlant des éléments comiques et en travaillant sur des héros d'un rang social élevé. Arrive Mathurine, à qui dom Juan a également promis le mariage et qui exige des explications de Charlotte. ». Ainsi, faisant fond sur le « témoignage » de Rochemont[ab], Eugène Despois et Paul Mesnard se montrent-ils catégoriques : « La pièce, écrivent-ils, fut jugée irréligieuse, et ceux qui, sincèrement ou non, en portèrent ce jugement, se firent écouter : ces deux faits sont hors de doute[35]. L'Itinéraire de Dom Juan : six décors pour une pièce à machines, Comparaison des deux versions de la pièce de Molière, Die dramatischen Bearbeitungen der Don-Juan-Sage in Spanien, Italien und Frankreich bis auf Molière einschliesslich, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Dom_Juan_ou_le_Festin_de_Pierre&oldid=181886655, Pièce de théâtre se déroulant à l'époque moderne, Page utilisant des arguments dupliqués dans les appels de modèle, Article contenant un appel à traduction en allemand, Catégorie Commons avec lien local différent sur Wikidata, Page pointant vers des bases relatives au spectacle, Page pointant vers des dictionnaires ou encyclopédies généralistes, Page utilisant le modèle Autorité inactif, Portail:Littérature française ou francophone/Articles liés, Portail:Littérature française/Articles liés, Portail:France du Grand Siècle/Articles liés, licence Creative Commons attribution, partage dans les mêmes conditions, comment citer les auteurs et mentionner la licence. Le rideau s'ouvre sur Molière-Sganarelle, qui, vêtu d'un « jupon de satin aurore », d'une « camisole de toile à parements d'or » et d'un « pourpoint de satin à fleur »[24], vante à l'adresse du public les agréments et les vertus du tabac en poudre. Louis XIV ayant défendu à Molière de représenter Le Tartuffe en public, le curé Pierre Roullé fait remettre au roi, dans les premiers jours d'août 1664, un opuscule écrit à sa gloire — Le Roy glorieux au monde, ou Louis XIV, le plus glorieux de tous les Roys du monde —, dans lequel il s’en prend à Molière avec une violence inouïe[k]. Le hasard l’amène à sauver la vie de dom Carlos, qui en retour accepte de différer sa vengeance, à la condition que dom Juan reprendra la vie commune avec done Elvire. Que l’on croie ou non à la sincérité de cette vertueuse protestation, elle a le mérite d’inscrire Le Tartuffe dans une perspective morale, voire édifiante. Louis XIV trouve la pièce « fort divertissante », mais dans les heures qui suivent, il est amené, pour des raisons de politique religieuse, à en interdire les représentations publiques[2]. Une des plus formidables inventions tragiques qui soient au théâtre, avorte, et il y a, à cette table du Festin de Pierre, si peu d'horreur et si peu d'enfer qu'on prendrait volontiers un tabouret entre Don Juan et la statue. Il a été extraordinairement suivi pendant les six représentations qui en ont été données. Et moi, quand ils étaient malades, je revêtais un sac, J'humiliais mon âme par le jeûne, Je priais, la tête penchée sur mon sein.… Proverbes 25:21,22 Si ton ennemi a faim, donne-lui du pain à manger; S'il a soif, donne-lui de l'eau à boire.… Ni l'édition hollandaise ni sa version italienne ne semblent avoir circulé en France pendant le XVIIIe siècle ; il n'y est fait allusion nulle part ; Voltaire lui-même ne cite la scène du pauvre que dans la version non cartonnée de l'édition parisienne de 1682[72], ce qui conduit la romaniste américaine Joan DeJean a écrire, non sans quelque exagération, que « l'Europe valorise comme un texte classique une pièce française que les Français de l'époque ne peuvent ni voir ni lire, sauf dans une version gravement édulcorée. Ce qu'il a « voulu faire » en racontant cette histoire (volonté de « provocation » ou de « dénonciation »), ce qu'étaient ses « intentions » — critiques, satiriques, idéologiques ou autres — ne peut donc se déduire que du texte lui-même, de l'usage que son auteur a fait des sources ou modèles (reprise, détournement, parodie…), et de l'étude attentive des événements immédiatement contemporains. Dans une lettre écrite le samedi 14 à son père Robert Arnaud d'Andilly et citée par François Rey dans ses Éphémérides de l'année 1665, Nulle part, par exemple, La Grange ne signale ou n'évoque la première interdiction du, Il se trompe d'une semaine en signalant la mort de son camarade, À titre de comparaison, il n'existe qu'un exemplaire de la première édition du, L'éloge paradoxal de l'hypocrisie par Dom Juan, La sincérité de ce prétendu témoignage suscite çà et là quelques réserves. J'en laisse le jugement au lecteur, et me contente de lui donner la pièce telle que je l'ai pu avoir. Au début du XXe siècle, le docteur Cabanès suggérait[83] que Molière y parodie peut-être l'ouverture du fameux Traité du tabac du médecin allemand Johann Neander (de). Le Dom Juan de Molière est-il un personnage cohérent ? Dom Carlos, par gratitude envers celui qui l'a sauvé, convainc son frère de reporter la rencontre à plus tard. Il faudra attendre la première représentation du Tartuffe, en février 1669, pour que ces chiffres soient dépassés. La légende est passée ensuite (ou peut-être même avant) en Italie, où on la retrouve dans divers scénarios de la commedia dell'arte[3] et où elle a été adaptée en particulier par Giacinto Andrea Cicognini (1606-1650) sous le titre Il Convitato di Pietra, opera esemplare, trois actes en prose[c]. Pourquoi, enfin, aurait-il refusé, pour la première fois depuis 1658, de voir une pièce de son comédien et auteur favori, une comédie dont tout Paris savait qu'elle devait constituer (ou au moins contenir) une réponse aux accusations portées contre Le Tartuffe ? Sganarelle suit plus qu'il n'organise. Ils rendront une réponse très circonstanciée le 18 décembre[65]: La version en prose de Molière est enfin publiée en 1682[ao], dans le tome VII (« Œuvres posthumes ») de l'édition dite définitive des Œuvres de Monsieur de Molière[66]. Cependant, comme il ne pouvait rien dire qui ne fût blâmé, l'auteur du Festin de Pierre, par un trait de prudence admirable, a trouvé le moyen de le faire connaître pour ce qu'il est sans le faire raisonner[108] ». Le fait qu'il figure dans vingt-six scènes sur vingt-sept (une de plus que dom Juan) et que son rôle ait été écrit pour Molière lui-même donne au personnage une importance particulière[113]. Comme il est peu instruit, ses raisonnements sont frustes mais pleins de bon sens. On en jugea dans ce temps-là comme on en juge en celui-ci. Ils pointent son désir toujours inassouvi de conquête féminine[97], le présentent en perpétuelle fuite[98], évoquent sa crainte du passé synonyme de mort[99], son instabilité et sa quête insatiable de changement[100]. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les critiques universitaires s'attachent à rapporter Le Festin de Pierre aux catégories de la dramaturgie classique. À la différence des autres adaptateurs français (Villiers, Molière, Rosimond), qui, tous comédiens comme lui, tiendront le rôle du valet (Philippin, Sganarelle, Carille), l'auteur tient ici celui de "dom Jouan". Giovanni Dotoli conseille de la lire comme un poème[150]. PORTRAIT. ». Voir Gui Patin, lettre à André Falconnet, 25 février 1665, dans Lettres de Gui Patin, éd. S'ensuit entre eux une scène de dépit amoureux. Découvrez ma collection de bijoux fins et tendances! Dans l'avis «De l'imprimeur au lecteur» placé en tête du volume, le titre, composé dans le même corps que le reste de la page, donne bien la majuscule au mot Pierre. "Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite, le bonheur est dans le pré, cours-y vite il va filer." Dom Juan ordonne à Sganarelle de le convier à dîner. ». Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Aux termes du marché passé le 3 décembre 1664, entre les comédiens de la troupe et les deux peintres spécialisés auxquels ils ont fait appel, ces derniers doivent fournir, dans un délai de six semaines, les toiles montées sur châssis qui composaient le "décor" du spectacle. Pour les Français de 1665, don Juan n'est pas encore le personnage mythique qu'il deviendra à l'époque romantique, mais le héros d'une légende plus ou moins apologétique que le public parisien a découverte dans la version comique que la troupe italienne en a donnée sept ans plus tôt sur la scène du Petit-Bourbon. Oh mon pauvre maître ! Le dénouement — dom Juan précipité dans les flammes de l'enfer par la statue du Commandeur — est apparu ambigu à beaucoup de lecteurs. Dom Juan, qui s'apprête à se mettre à table, en est empêché par une succession de visites inopinées. Quelques personnes qui ont tout pouvoir sur moi m'ayant engagé à la mettre en vers, je me réservai la liberté d'adoucir certaines expressions qui avoient blessé les scrupuleux. Jean Donneau de Visé rend compte de cette création sur plusieurs pages du numéro de mars de son Nouveau Mercure galant : « Je ne dois pas oublier de vous dire qu'on a fait revivre une pièce dont vous n'osiez dire il y a cinq ou six ans tout le bien que vous en pensiez, à cause de certaines choses qui blessaient la délicatesse des scrupuleux. Ainsi s'achevait déjà la comédie de Cicognini[153] : « O pover al me Patron, al me salari, è andà a cà del Diavol. Aux portes de la ville[bg]. Ces paroles prouvent-elles quelque chose, et en peut-on rien inférer, sinon que Dom Juan est athée ? Tous ces maux différents ensemble ramassés Dans cette optique, les aspects positifs (grand seigneur, libre penseur, fin d'esprit) sont estompés et ce sont les aspects négatifs de dom Juan qui sont mis en valeur : séducteur, infidèle, opportuniste, menteur, orgueilleux, flatteur, méchant homme d'une insolence totale, parfois violent, maniant avec aisance l'ironie et le sarcasme, l'impertinence et l'offense, l'irrévérence et l'irrespect ; et plus particulièrement les trois défauts rédhibitoires : fils indigne[bh], impie et hypocrite. Et Molière eut la prudence de ne point faire imprimer cette pièce, dont on fit dans le temps une très mauvaise critique[74].           De quoi se divertir à grands coups d'étrivière. Si le « tabac en fumée » faisait parfois encore l'objet de controverses[79] (en 1646, la filiale marseillaise de la Compagnie du Saint-Sacrement en condamnait l'usage dans les lieux publics, « à cause des grands désordres qui arrivaient tous les jours dans ces lieux-là »[80],[81]), le tabac à priser était très en vogue, particulièrement à la cour[82]. Cette feuille couvre la fin de l'acte II, les trois premières scènes et le début de la quatrième de l'acte III. Contrairement à ce qui s'est passé avec le personnage de Tartuffe, aucun spectateur ou lecteur du XVIIe siècle n'a fait le moindre rapprochement entre le « grand seigneur méchant homme » et tel ou tel contemporain. On supprime certains passages de l'acte III (la fin de la scène du pauvre, la discussion sur la religion) et certaines répliques (« Mes gages, mes gages ») qui semblent tourner la religion en dérision. Selon François Rey, ce titre de « Troupe du Roi », qui apparaît ici pour la première fois dans la documentation, et le caractère erroné de l'entrée du 14 août 1665 dans le Registre de La Grange[ad], indiquent clairement que la « Troupe de Monsieur » est devenue « La Troupe du Roi au Palais-Royal » dès le 14 juin et que cette décision royale apparaît ainsi étroitement liée à la polémique autour du Festin de Pierre[41]. » D'autre part, la formule « grand seigneur méchant homme » apparaît comme un oxymore bien venu, puisque par « nature » un grand seigneur est ou se doit d'être un « gentil-homme », contrairement au « bourgeois », qui, à vouloir jouer les gentilshommes, ne saurait que se rendre ridicule. Commensal du prince de Condé, cicérone de Christian Huygens lors de son séjour à Paris, correspondant de John Locke et de G.W. À ces diverses "transgressions", on ajoute çà et là l'introduction de l'invraisemblance (statue du commandeur et deus ex machina du dénouement)[151]. En effet, si je pouvais vous donner ces deux pièces [= le cheval et Dom Pierre], je croirais vous avoir donné quelque chose : c'est assurément ce qui a paru de plus beau dans notre représentation.